L’origine des noms de famille béarnais est à rattacher à un lieu identificatoire – un nom de lieu exprimant l’importance des liens communautaires unissant des hommes entre eux – et à leur terroir.

Un nom de famille puisant ses origines dans un nom de lieu (toponyme) est un géo-patronyme. C’est le cas du patronyme de très nombreuses familles béarnaises. Ce patronyme provient initialement d’une maison-mère, une maison-souche, un lieu sur lequel s’est développé un bâti que les propriétaires successifs ont su transformer et organiser en véritable exploitation familiale auto-suffisante. Elles sont recensées sous le nom d’« ostaü » dès le XIVe siècle dans le Dénombrement général des maisons de la Vicomté de Béarn réalisé sur ordre de Gaston Fébus (1331-1391) Vicomte de l’Etat souverain de Béarn.

Les populations du Sud-Ouest ont, depuis qu’elles peuplent leurs territoires, un pilier commun érigé en principe fondateur, présidant à l’intérêt de tous : la cellule familiale comme base de l’organisation sociale. Une même conception de cette cellule qui s’enracine au cœur et autour d’une maison appelée « ostaü » et dont les règles présideront à la dévolution du nom de famille.

Volet 1 : Toponyme, patronyme et géopatronyme

La définition de l’Ostaü s’entend par trois acceptions complémentaires :

  1. C’est d’abord la maison en elle-même, en tant que bâtiment au sens premier. L’ostaü béarnais est initialement une construction bâtie afin de s’établir, un abri, un lieu concrètement identificatoire, dans lequel on trouve protection et subsistance. On y naît, on y vit, on y aime, on y transmet, on y meurt avec toute sa ménagerie.
  2. Dans un sens plus large, la maison est l’exploitation, la cellule de base d’un système agro-pastoral. Cela inclus la ménagerie, la grange, la vigne, le potager, le jardin, les terres en culture et autres parcelles ; quelques hectares de bois ou des outils pour les plus prospères ; ainsi que tous les droits s’y attachant au sein de la communauté, « la besii ».
  3. C’est enfin le noyau nucléaire des liens familiaux et sociaux, un véritable groupe homogène où la place de chacun est déterminée par des règles ancestrales et immuables. Un foyer filiatif soumis à un ensemble de coutumes mais surtout à l’autorité du chef de maison, le « cap d’ostaü ».

La « maison » béarnaise est donc l’ensemble des biens et des personnes se trouvant sur le lieu et soumis au chef de famille et à sa coutume, un écosystème autonome régi par des coutumes fortes et respectées, dans le but de pérenniser et transmettre les terres. Le rôle du chef de famille est d’en assurer la permanence à travers les siècles, garantir son fonctionnement autonome et durable pour un groupe d’individus donné.

Les premiers textes mentionnant des personnages de la Gascogne ancienne dont disposent les chercheurs en anthroponymie datent du VIIe siècle. Il en ressort que les individus y sont désignés par un nom propre unique. En effet, si jusqu’alors le nom de baptême suffisait à désigner une personne, l’accroissement démographique entraîna par la suite de trop fréquentes confusions. C’est donc tout naturellement que, lorsque les noms de famille se sont fixés au XIIe siècle pour pouvoir désigner précisément une personne, le nom de maison s’est adjoint à la dénomination première puisque, comme vous l’aurez compris, en Béarn la maison EST la famille.

Source bibliographique et références :

  • Petite histoire du Béarn : du Moyen Âge au xxe siècle, Pierre Tucco-chala, Princi Negue, 2000.
  • Histoire générale du Béarn souverain, avec Christian Desplat, Princi Negue, 2007.
  • Dénombrement général des maisons de la Vicomté de Béarn , Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques. Cote E 306 Transcrit par Raymond Paul, Inventaire sommaire des Archives des Basses-Pyrénées.

Illustration : « Maison béarnaise du XVIIIe siècle au hameau de Bagès » par Patrick Charpiat, 2007

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